La Marbellière
Le 18 avril dernier était la Journée internationale des monuments et des sites.
L’Indre et Loire compte plus de 1250 châteaux et manoirs avec une moyenne de 3 par commune. Si St-Cyr-sur-Loire en dénombre 19, Ballan-Miré 15, St Avertin 12, la palme revient largement à Joué-lès-Tours avec plus de 40 !
Le domaine de la Marbellière est un ancien arrière-fief relevant de la prévôté de la Varenne, fief servant, dont le suzerain était la collégiale Saint-Martin (ancienne église médiévale du Vème siècle). La Marbellière fut pendant deux siècles la propriété de la famille ROGIER qui remplaça une simple maison de maître du XVIème siècle par une demeure plus importante au XVIIème siècle.
Le nom de la Marbellière est lié au souvenir de Louise ROGIER surnommée « la belle Louison ». Elle était la fille de Jean ROGIER, issu d’une famille du Poitou, il fut conseiller du roi, procureur au bureau des finances de Tours, lieutenant particulier puis lieutenant criminel aux baillages et siège présidial (magistrat établi dans un siège royal pour connaître toutes les affaires criminelles) et enfin maire de Tours en 1608-1609.
Louise naquit à Tours le 21 septembre 1619 et sa beauté, alors qu’elle n’avait pas vingt ans, séduisit Gaston d’Orléans (1608-1660), frère du roi Louis XIII. Gaston était venu lever des troupes pour le compte du roi, son frère, mais dut les licencier, faute d’argent. Il se consola en organisant des fêtes et bals et en faisant jouer la comédie à l’Hôtel de la Bourdaisière (actuellement n° 27 de la rue du Cygne, à Tours). C’est à un de ces bals qu’il connut « la belle Louison », qu’il présenta même à sa fille Mademoiselle de Montpensier (1627-1693). Un enfant, prénommé Jehan-Louis naquit de leur courte liaison le 13 janvier 1640. Cet enfant ne sera jamais reconnu par son père et ne sera baptisé qu’à l’âge de vingt ans alors qu’il souhaite faire carrière en Espagne. Lors de son baptême à Joué-lès-Tours, le 10 juillet 1660, le Grande Mademoiselle (duchesse de Montpensier, petite-fille d’Henri IV), sa sœur germaine, lui imposa le titre de chevalier de Charny. Il fut lieutenant général au service du roi d’Espagne et gouverneur d’Oran.
Quant à Louise ROGIER, « la belle Louison », abandonnée par Gaston d’Orléans, elle entra au couvent de la Visitation à Tours, dont elle fut prieure et où elle mourut le 17 février 1708.
La demeure de la Marbellière aurait été édifiée grâce aux libéralités (dons) de Gaston d’Orléans (sans preuves écrites). Elle était constituée au XVIIIème siècle de bâtiments de maître et de closier avec une cour au nord, un clos (terrain cultivé, en particulier, le vignoble fermé de murs, de haies ou de fossés) composé de vignes, terre labourable, bois, taillis, bocage, vivier (enclos où les poissons sont mis en attente) et allée, représentant 10 arpents (71,46 m, de 350 à 500 ares = 35000 à 50000 m²). Dans le clos, passait l’écoulement de la fontaine située à l’ouest du pâtureau de la Grange, près de la métairie des Fontaines (proche du passage à niveau de la rue de Chantepie). Cette fontaine alimentait le vivier de la Marbellière et l’actuelle pièce d’eau.
Au XIXème siècle, la demeure était constituée d’un bâtiment quadrangulaire de 56 mètres de long sur 10 mètres de large composé de deux parties appartenant à deux propriétaires différents. En 1850, l’un des propriétaires acquit l’ensemble et détruisit la partie la plus détériorée. En 1873, une restauration-reconstruction eut lieu pour donner son aspect à la demeure actuelle.
La porte à fronton courbe du parc a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 6 mars 1947. Elle portait la devise suivante : « Quasi transeuntes » (Nous sommes tous des voyageurs).
La Tour de la Marbellière a un toit pointu en ardoise. Elle est posée sur une belle charpente en bois. Le mur cylindrique qui l’entoure est composé de rangs alternés de briques et de pierres de taille.